Madame de Sévigné


Madame de Sévigné
Réalisateur :
Isabelle Brocard
Pays d'origine :
FR
Titre original :
Madame de Sévigné
Durée :
1h32
Année :
2024
Date de sortie nationale :
28/02/2024
Genre :
DR,HI
Casting :
Karin Viard, Ana Girardot, Cédric Kahn…
Synopsis :
Milieu du XVIIème siècle, la marquise de Sévigné veut faire de sa fille une femme brillante et indépendante, à son image. Mais plus elle tente d’avoir une emprise sur le destin de la jeune femme, plus celle-ci se rebelle. Mère et fille expérimentent alors les tourments d’une relation fusionnelle et dévastatrice. De ce ravage, va naître une œuvre majeure de la littérature française.
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sorti le 28/02/2024

Aussi classique que sa musique d’ouverture, ce long métrage d’Isabelle Brocard est un film d’époque très convenu. Féministe avant l’heure, Marie (Karine Viard) est une mère possessive qui défend la liberté et l’indépendance féminine et tente d’inculquer ses valeurs à sa fille. Françoise (Ana Girardot) s’éloigne de sa mère alors qu’elle se retrouve mariée à un homme qui a deux fois son âge. Adaptation des lettres de la personnage éponyme, ces dernières ponctuent le métrage, lues en voix-off par Marie et accompagnées de gros plans sur le parchemin où les mots se figent. Très théâtral dans le jeu et poétique dans le verbe, les sujets abordés sont en revanche intentionnellement modernes, à l’image de l’épistolière.

En dehors de son ouverture en musique classique pour coller à l'époque, la compositrice mêle les changements émotifs caractérisés par la guitare à un thème récurrent à la flûte. Malheureusement, entre les costumes magnifiques mais trop propres pour être réalistes, les décors toujours restreints (salons ou chambres), et l’image trop pâle et obscure pour mettre en valeur le travail des lumières naturelles et de l’éclairage à la bougie, le film manque d’une direction artistique prononcée. Comme si la réalisatrice manquait de budget, elle se retient de filmer le feu d’artifice donné par le Roi et préfère mettre l'accent sur les éléments de la nature, les forêts et le ruisseau qui ouvre et ferme le métrage.

Focalisée sur le point de vue de Marie, la réalisatrice conserve un flou sur les activités de son entourage et de sa fille, renforçant notre identification à cette femme menant une relation toxique avec sa fille. Marquant les ellipses uniquement par la croissance des enfants de Françoise, les affres du temps sont invisibles sur le visage de Karine Viard. Tandis que sa petite-fille se transforme en fille de substitution aux yeux de Marie, Françoise n’accorde aucune considération à son enfant, comme si elle réfutait complètement l’éducation de sa mère. De même, l’absence du frère de Françoise souligne l’obsession de la mère pour sa fille qui désormais lui échappe pour devenir une tout autre femme que Madame de Sévigné.

Gwendal Ollivier