sorti le 24/01/2024
Habitué à la réalisation de comédies dramatiques, Yvan Attal s’essaie pour la première fois au thriller. Si ses précédents films sont bons voire excellents, le réalisateur français ne réussit clairement pas ce changement de genre. Reprenant tous les pires clichés d’un thriller à l’américaine, Attal accumule les effets visuels et sonores pour appuyer une narration bourrée de retournements invraisemblables. Dès l’introduction, il annonce la couleur en cumulant trois éléments vus et revus : une ouverture sur le personnage qui se réveille ; une voix off dans laquelle il se présente et explique sa situation ; et un extrait d’une scène du climax pour annoncer la tension à venir.
Plombant le métrage d’une ambiance « mystérieuse », la musique de Dan Levy est aussi peu subtile que la photographie de Rémy Chevrin. Quasiment en noir et blanc, l’étalonnage réduit le spectre des couleurs pour souligner l’intention du réalisateur : nous regardons un film noir. Pourtant, malgré ce ton très premier degré, un montage de tableau avec des formules mathématiques qui se superposent apparaît à la fin de l’acte 2 pour illustrer les réflexions en voix off du personnage. Ce procédé de mise en scène ringardisé par des comédies d’action comme Very Bad Trip (The Hangover) prouve toute la méconnaissance du cinéaste pour les codes du genre qu’il traite mais donne l’occasion de rire un peu devant ce méandre scénaristique faussement complexe.
[SPOILERS]
Sauvé par Vincent (Guillaume Canet) lors d’un cambriolage dix ans plus tôt, Mathieu (Yvan Attal) se sent toujours redevable de son meilleur ami. Mais quand celui-ci quitte son amante, Mathieu tombe éperdument amoureux. Justifiant constamment l’amitié de Vincent et Mathieu par ce sauvetage montré en début de métrage, Attal déroule les retournements. Alors que Vincent quitte finalement sa femme pour retourner avec son amante, Mathieu lui révèle son amour, une dispute éclate et s’achève par la mort de l'amante qui glisse sur des classeurs et se fend le crâne sur une table basse en marbre. Se noyant dans l’alcool pour oublier son chagrin, Vincent se retrouve hospitalisé tandis que Mathieu avoue tout à sa femme. Cette dernière le quitte mais meurt dans un accident de voiture causé indirectement par Mathieu qui après avoir crevé, n’avait pas pensé à changer la roue de secours. Rongé par la culpabilité mais incapable d’assumer les conséquences de ses actes, Mathieu écrit une lettre aux juges et quitte le pays. En 1h20, les retournements s’enchaînent, ponctués par la voix off qui expliquent le ressenti du protagoniste sur chaque évènement, en dépit du développement des personnages. Prendre des risques en changeant de genre n’est pas donné à tous les réalisateurs ni à tous les acteurs et Yvan Attal a clairement raté son coup de dés.
Gwendal Ollivier