sorti le 27/03/2024
Troisième film de Teddy Lussi-Modeste, ce slow-burn en milieu scolaire avec François Civil en tête d’affiche est simple mais efficace. Julien est un jeune professeur de français accusé à tort de harcèlement par une élève de troisième. Tentant de prouver son innocence, il fait face à des pressions multiples de la part du frère aîné de la jeune fille et de ses camarades de classe.
Plongeant dès la première scène dans son intrigue, le réalisateur construit un film rythmé et immersif. Adoptant uniquement le point de vue de son protagoniste, la mise en scène nous identifie ouvertement à lui. Lors de la première rencontre avec la CPE, la caméra se focalise longuement sur le visage de François Civil pour le laisser exprimer les réactions de son personnage. Face à lui, les jeunes acteurs se débrouillent particulièrement bien, notamment les deux actrices Mallory Wanecque dans le rôle de la collégienne manipulatrice et Toscane Duquesne dans celui de l’ado mutique mal dans sa peau.
Sans révolutionner le genre, le réalisateur prend son temps pour construire des plans dans la durée et les ponctuer de mouvements lents ou furtifs. Ainsi, pour exprimer visuellement la séparation entre Julien et le principal, le réalisateur filme leur dernier échange d’abord en grand angle avant de rapprocher progressivement sa caméra des visages puis finit par construire un champ-contrechamp en gros plan sans jamais couper son plan. De même, sa caméra suit furtivement le ballon puis le carnet de la déléguée, confisqués par Julien dans l’espoir de retrouver son autorité de professeur et de regagner le respect des élèves.
Si un élément de sa vie personnelle est très important pour l’intrigue, le réalisateur multiplie outre-mesure les retours sur ces moments en dehors du travail qui n’ajoutent pourtant aucune plus-value au rythme ou à l’intrigue. Sorti un peu plus tôt au mois de mars, le film allemand La Salle des profs parvenait à ne jamais relâcher sa tension grâce à sa focalisation sur sa protagoniste uniquement en tant que professeur. Sans atteindre cette maîtrise, le réalisateur français parvient tout de même à livrer plusieurs scènes de tension mais surtout à nous identifier parfaitement à son protagoniste que nous ne remettons jamais en question. Après une puissante focalisation interne à son personnage, le réalisateur achève toutefois son métrage d’une façon un peu convenue qui ne fera malheureusement pas de vagues.
Gwendal Ollivier