Salem

pagi 12


Salem
Réalisateur :
Jean-Bernard Marlin
Pays d'origine :
FR
Titre original :
Salem
Durée :
1h43
Année :
2024
Date de sortie nationale :
29/05/2024
Genre :
DR,RO
Casting :
Dalil Abdourahim, Oumar Moindjie, Wallen El Gharbaoui…
Synopsis :
Djibril est un jeune comorien des Sauterelles, un quartier difficile de Marseille. Il est amoureux de Camilla, une gitane du quartier rival des Grillons. Lorsqu’elle lui apprend qu’elle est enceinte, Djibril lui demande d’avorter pour ne pas déclencher une guerre des clans. Mais l’assassinat d’un ami de Djibril, sous ses yeux, va embraser les deux cités. Traumatisé, Djibril sombre peu à peu dans la folie. Il est persuadé qu'une malédiction s'est abattue sur le quartier et décide de garder à tout prix son enfant : pour lui, seule sa fille pourra les sauver du chaos.
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sorti le 29/05/2024

Distingué au César en 2019 avec Shéhérazade, Jean-Bernard Marlin avait emporté le Prix du meilleur premier film et ses acteurs les Prix du Meilleur espoir féminin et masculin. Avec la volonté d’aller plus loin et de faire plus grand pour son deuxième long-métrage, le réalisateur se perd complètement dans un essai de style radical servant une narration décousue. Ancien membre d’un gang, Djibril croit que sa fille est la seule à pouvoir sauver l’humanité d’une catastrophe à venir.

Entre film noir, questionnement spirituel, santé mentale, imagerie fantastique et réinterprétation de Roméo et Juliette, le réalisateur convoque des genres dont les codes spécifiques peinent à se mêler. À cause de sa double temporalité, la narration cabotine dans sa première partie pour introduire une histoire d’amour trop peu exploitée. Résultant de cette union, on retrouve la « sauveuse » des années plus tard alors que son père tente de créer des liens expéditifs avec elle, débarquant hélas trop tard dans le développement du récit. Ponctué par des règlements de comptes toutes les trois séquences, le métrage se donne une allure globale de film de gangster qui se marie mal avec la direction fantastico-religieuse du troisième acte.

Si les acteurs livrent de bonnes performances avec un phrasé et un choix des mots proches du documentaire à l’image de Shéhérazade, l’écriture thématique ruine ces efforts de réalisme. Accompagnées par les nappes synthétiques de la bande originale, les couleurs chaudes de l’image saturent systématiquement sur le moindre bout de ciel ou lumières hautes. Cette esthétique singulière apporte une belle patte au film et une cohérence visuelle d’ensemble. Toutefois, le grandiose des éléments fantastiques est amoindrie par la façon timide de les placer soit dans le flou de l’arrière-plan, soit au sein de plans larges qui sentent malheureusement l’effet spécial. Du message sur le réchauffement climatique, à l’opposition entre violence de la rue et foi divine, le discours du réalisateur est aussi flou que la malédiction de Salem.

Gwendal Ollivier