En attendant la nuit


En attendant la nuit
Réalisateur :
Céline Rouzet
Pays d'origine :
FR
Titre original :
En attendant la nuit
Durée :
1h44
Année :
2024
Date de sortie nationale :
05/06/2024
Genre :
DR,FA
Casting :
Mathias Legoût Hammond, Céleste Brunnquell, Élodie Bouchez…
Synopsis :
Prix du Jury au festival du film fantastique de Gérardmer 2024

Philémon est un adolescent pas comme les autres : pour survivre, il a besoin de sang humain. Dans la banlieue pavillonnaire un peu trop tranquille où il emménage avec sa famille, il fait tout pour se fondre dans le décor. Jusqu'au jour où il tombe amoureux de sa voisine Camila et attire l’attention sur eux…
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sorti le 05/06/2024

Prix du Jury du 31e festival du film fantastique de Gérardmer, ce premier long métrage de Céline Rouzet s’attaque au mythe du vampire. À la fin des années 90, Philémon emménage avec sa famille dans un quartier pavillonnaire tranquille perdu au cœur des montagnes dans l'espoir d'y mener une vie normale. Alors qu'il tombe amoureux de sa voisine Camilla, Philémon risque d'exposer son secret : il a besoin de sang humain pour survivre. Adoptant les codes du coming of age movie, la réalisatrice tisse la classique métaphore de la puberté et de la découverte du corps et des envies par la dimension fantastique. Inadapté à la société, Philémon se redécouvre dans le regard et les activités des jeunes de son âge. Comme la puissance de l’amour naissant, sa soif de sang devient plus sauvage.

Loin de livrer une mise en scène banale, la réalisatrice se tient à ses intentions qu’elles soient abouties ou non. Quelques idées de montage son sont par exemple assez discutables comme l’ouverture silencieuse sur les logos de production suivie d’un écran noir introduisant le métrage par l’univers sonore ou encore le plan survolant le quartier par-dessus lequel s’ajoute une dispute qui sonne clairement à l’intérieur d’une maison, détonnant avec ce que l’on voit. Toutefois, la réalisatrice développe une esthétique pertinente ; dans ses longs plans fixes comme dans ses plans planants au drone, l’image rétro granuleuse brouille la temporalité et rend cette réécriture d’un mythe centenaire intemporelle.

Malgré un casting de qualité, les performances des acteurs manquent hélas de crédibilité. Paradoxalement, c’est sûrement dans un souci de crédibilité que la réalisatrice laisse de longues pauses entre chaque réplique mais sa direction d’acteur oublie d’apporter des particularités propres à chacun des protagonistes ; tout le monde ne réagit pas pareil face l’étrange, l’inconnu ou l’incompréhension. Jouant à l’unisson sur la même corde, le casting affaiblit la nuance d’un film qui aurait pu se hisser aux côtés du Règne Animal, excellent film de genre de l’année dernière.

[SPOILERS]
Après une montée maîtrisée sublimée par le plan tournoyant autour des deux amants, la conclusion passe à deux doigts d’une fin parfaitement amère. Quitte à laisser mourir Philémon face à son grand ennemi céleste, il est dommage de ne pas avoir profiter de la violence humaine du climax pour tuer ce protagoniste. En plus d’être plus marquante, cette fin brutale aurait dressé un discours acerbe sur la nature humaine, incapable d’accepter la différence d’autrui. Dans un paysage cinématographique français qui s’ouvre doucement au cinéma de genre, ce premier film reste prometteur et donne envie d’attendre la nuit.

Gwendal Ollivier