sorti le 19/06/2024
Entachée par la politique pro-plateforme de Disney pendant la pandémie de COVID, l’image de Pixar n’est plus tout à fait celle du studio d’animation 3D le plus créatif d’Hollywood. Après le licenciement de 14% de ses effectifs en mai dernier, Pixar a gentiment suivi les directives de la maison mère aux grandes oreilles. Adieu les nouveaux univers et concepts riches et innovants, Pixar va désormais adopter la politique Disney et nous nourrir aux suites de nos licences favorites… et le succès est au rendez-vous puisque ce nouveau film fait le meilleur démarrage de l’année 2024 tous films confondus mais aussi le meilleur démarrage de l’histoire du cinéma d’animation (sans prendre en compte l’inflation). Mais quid du film ?
Alors que la puberté frappe à la porte, les cinq émotions primaires dans la tête de Riley s’affolent. Lors d’un weekend de compétition de hockey dans son futur lycée, la jeune adolescente âgée de 13 ans doit choisir entre profiter une dernière fois de ses amies qu’elle ne verra plus l’an prochain ou tenter de s’en faire de nouvelles pour ne pas se retrouver seule l’année suivante. Si l’arrivée d’Anxiété et d’Embarras est pertinente pour décrire son chamboulement émotionnel, il est dommage d’avoir négligé le rôle primordial d’Envie qui se constitue à l’adolescence.
Sur la forme, Pixar reste en haut du panier de la production d’images 3D animées avec notamment quelques gros plans au ralenti sur la fin du métrage qui rendent compte du détail des textures. Caractérisant chacune des émotions, les couleurs jouent un rôle significatif avec notamment le orange d’Anxiété qui se retrouve sur les maillots et les gradins du stade pour retranscrire l’émotion dominante. De même, des idées visuelles comme le brainstorming, qui devient littéralement une tempête d'idées, illustrent visuellement des concepts métaphoriques et les rendent accessibles aux enfants. Plus cynique, une scène dresse un parallèle entre la situation des dessinateurs de Pixar et ceux du quartier de l’imaginaire qui travaillent d’arrache-pied dans un working space sous les ordres d’un petit dictateur. L’influence indéniable de Spider-Man : Into the Spider-Verse se retrouve dans des personnages et éléments avec des styles graphiques variés qui prêtent à sourire mais restent tertiaires.
Structuré exactement comme le premier film, l’interaction entre le monde extérieur et les émotions internes laisse rapidement la place à une quête dans les tréfonds du cerveau de cette pauvre Riley. En dehors d’une mise en image très réussie d’une crise d’anxiété, les thèmes traités dans cette suite n’apportent malheureusement pas la grandeur thématique démultipliée à l’adolescence et aucun moment n’atteint les sommets émotionnels du premier film. À travers cette humanisation des émotions, Pixar parvient néanmoins une nouvelle fois à résonner avec notre propre vécu en faisant éclater au grand jour ce qui nous régit à l’intérieur.
Gwendal Ollivier