Refusant catégoriquement, Wade endosse de nouveau le costume de Deadpool et tente de convaincre Wolverine de l’aider à sauver son univers…
sorti le 24/07/2024
Deux fois adapté dans l’univers cinématographique des X-Men sous la 20th Century Fox, le antihéros vêtu de rouge et de noir est l’un des plus atypiques de l’écurie Marvel. Amoureux de son personnage, Ryan Reynolds s'est battu pendant des années pour le porter à l'écran. Après une introduction ratée dans X-Men Origins en 2009, c’est seulement en 2016 que l’acteur parvient à porter fidèlement ce personnage hors-norme à l’écran. Face au succès incontestable du premier film auquel la Fox ne croyait pourtant pas, une suite sort deux ans plus tard. Mais le rachat du studio centenaire par Disney met fin au premier univers cinématographique de super-héros… du moins jusqu’à ce que le Marvel Cinematic Universe se lance à la conquête du multivers. Mais alors sommes-nous face au « Marvel Jesus » ?
Alors que Wade Wilson mène une vie tranquille loin de ses aventures en costume, le TVA (police multiverselle explorée dans la série Loki) débarque à sa porte pour lui annoncer la fin imminente de son univers. Partant à la quête d’un Logan enclin à l’aider, Wade parcourt différents univers avant de s’échouer dans le Void. Facilité par le brisage du quatrième mur par son protagoniste, le film passe aisément d’un univers à l’autre, commentant avec une décomplexion assumée le rachat de la Fox et mettant même en scène les débris du logo dans la poubelle du multivers. Revenant obligatoirement sur les évènements de Logan et la mort de son héros barbu, le film a l’intelligence de ne pas complètement envoyer aux oubliettes ce final parfait mais s’amuse tout de même à désacraliser le corps de l’immortel dans une scène de générique d’ouverture amusante.
Esthétisant la violence des combats, Shawn Levy profite pleinement de ce premier classement R (obligation d’être accompagné d’un adulte pour les -17 ans aux USA) du MCU. Sans aller jusqu’aux effusions d’hémoglobine tarantinesques, le sang éclabousse les décors, marque griffes, sabres, costumes et visages, en particulier lors des combats du duo d’immortels qui se donnent à cœur joie de s'entretuer en vain. Dans les pas des deux premiers opus, les insultes ponctuent chaque phrase et les vannes de cul s’additionnent à l’humour méta. Dès son logo d’ouverture fredonné par la douce voix de Reynolds, Marvel profite de ce personnage brisant le quatrième mur pour faire, sous couvert du second degré, un bilan du MCU. Conscient de sa chute de popularité et du manque d'intérêt pour cette Multiverse Saga, le studio utilise le concept-même qu’il critique pour accélérer l’introduction des mutants.
Malgré leur nombre, les caméos demeurent bien plus justifiés par ce script que par celui de Spider-Man : No Way Home qui déformait les règles du multivers et trahissait la personnalité de Dr Strange pour arranger son scénario. En plus de tirer une belle métaphore sur les branches mortes du multivers que Marvel comme ses deux héros tentent de réanimer, leur présence apporte un esprit d’équipe qui révèle le manque d’enjeu du film mais prépare certainement l’affrontement majeur à venir dans Avengers : Secret Wars. Reprenant les thèmes musicaux associés à leur personnage (notamment celui épurée de Logan), le film assure une continuité mais construit aussi ses propres instants musicaux, comme son climax qui débute sur Like a Prayer de Madonna et s’achève sur une reprise chorale épique, adaptée à la folie des actions héroïques de Deadpool et Wolverine.
Gwendal Ollivier