sorti le 14/08/2024
Adaptation du livre de Pierric Bailly, le nouveau film des frères Larrieu ne s’émancipe pas assez du matériau d’origine pour raconter cette histoire étendue sur des années. Au hasard d’une soirée, Aymeric (Karim Leklou) retrouve Florence (Lætitia Dosch), une ancienne collègue de travail, enceinte de six mois. Aymeric reste avec elle jusqu’à la naissance et assume le rôle de père de l’enfant. Ils passent de belles années ensemble, jusqu'au jour où Christophe, le père biologique, débarque.
Habitué au rôle du voyou comme du bon gars, Karim Leklou se dresse depuis quelques années parmi les nouveaux visages du cinéma français ; mais pour la première fois son jeu sonne faux. Débitant des dialogues faussement naturalistes et sans aucun doute tirés du livre, les répliques tombent rapidement dans le kitch. Entouré d’une Noée Abita peu habitée et pas assez présente pour briller, c’est surtout deux femmes qui changent la vie de notre protagoniste. L’une, incarnée par Lætitia Dosch en sous-jeu total, livre un discours moralisateur sur la supériorité des relations libres face au couple classique, présenté au détour d’une scène comme un cauchemar à fuir ; l’autre, joliment interprétée par Sara Giraudeau, est construite sur l’ambivalence entre son élégance de professeur de lettres et son amour des rave party.
Hélas c’est avant tout le personnage éponyme qui tire le niveau de jeu vers le bas prouvant la maladresse générale de direction d’acteurs. Encore plus mal campé par l’acteur jeune adulte (Andranic Manet) que par celui jouant la version enfant (Eol Personne), les deux acteurs sont peu aidés par la platitude des dialogues. À la fois en surjeu et en sous-jeu, ils souffrent d’une absence de corporalité, traversant les scènes sans délivrer d’émotion, pourtant placée comme la pierre angulaire de ce scénario tragique. Malgré tous leurs efforts pour nous arracher des larmes, les deux réalisateurs nous laissent aussi circonspects que la banalité de leur séquence finale dans laquelle le générique apparaît en bas de cadre avant de virer au kitch en faisant défiler le nom des acteurs sur des photos de ciel tout droit sorties d’une banque d’image. Avec leur voix-off interne au protagoniste et leur mise en scène quelconque, les frères Larrieu livrent, à défaut d’un bon film, une adaptation fidèle du Roman de Jim.
Gwendal Ollivier