sorti le 28/08/2024
Ce premier long métrage du réalisateur belge Michiel Blanchart est porté par un rythme haletant et une esthétique poisseuse et violente très bien filmée pour un thriller tout en tension. Un soir, un jeune serrurier dénommé Mady dépanne Claire, une fille énigmatique qui n'est pas celle qu'elle prétend être. Cette porte n'est pas celle de son appartement et le sac qu'elle veut à tout prix récupérer n'est pas le sien, mais celui de Yannick (Romain Duris), un homme auquel Mady va devoir rendre des comptes. Pris dans une course poursuite infernale, Mady n'a qu'une seule nuit pour retrouver le sac et la voleuse.
En dehors de l’esthétique belle mais gratuite de son plan introductif où la caméra suit une voiture avant de basculer pour finir à l’envers en plan large sur la ville pour révéler le titre, le réalisateur fait preuve d’une créativité certaine dans sa mise en scène. De son image jaunie et granuleuse à ses mouvements de caméra fluides dans l’action, Michiel Blanchart construit son film autour des scènes d’action, mettant en avant la chorégraphie par une économie des cuts et une sonorisation appuyée des coups qui font ressentir la violence des combats au corps à corps. Composée par Terp, la bande originale mêlant synthé et orchestre occupe elle aussi une place importante dans le mixage et participe activement au renouvellement de la tension.
Si la maladresse de jeu de Natasha Krief (Claire) casse le rythme d’une séquence clé, la présence charismatique de Romain Duris porte au contraire les enjeux du métrage en personnifiant les peurs du personnage principal. Interprétant ce jeune ordinaire, Jonathan Feltre nous immerge parfaitement dans les états de panique de Mady, ses réflexes violents animés par l’adrénaline notamment dans l’impressionnant plan séquence où la caméra s’enfonce dans les sous-sols du métro à la poursuite du protagoniste à vélo. On pourrait toutefois reprocher au réalisateur de trahir la normalité de Mady dans une volonté d’évolution narrative artificielle par sa décision héroïque du dernier acte mais l’issue fonctionne tout de même et renforce l’imagerie des manifestations du Black Lives Matter, toile de fond politique de cette nuit qui traîne.
Gwendal Ollivier