sorti le 25/09/2024
À l’encontre des différentes adaptations des années 1970 très centrées sur le regard masculin, cette nouvelle version cinématographique du roman d’Arsan affirme sa modernité par une histoire portée sur le plaisir de la femme. En quête d’un désir perdu, la contrôleuse qualité d’une chaîne d’hôtel de luxe s’envole seule à Hong Kong. Dans cette ville-monde, elle multiplie les expériences et fait la rencontre de Kei, un homme qui ne cesse de lui échapper.
Malgré une mise en scène maîtrisée et une photographie élégante, la réalisatrice pose un regard terriblement froid sur son personnage et son histoire. Loin d’un érotisme sulfureux ou d’une quelconque forme de tension sexuelle, elle plonge dans la tête de sa protagoniste qui, à force de contrôle sur sa vie professionnelle, ne sait simplement plus lâcher prise. Cette thématique pourtant intéressante de la quête de l’abandon au plaisir est desservie par le rythme du film et son manque de suggestion visuelle. Loin de la subtilité de Basic Instinct dans lequel Verhoeven fait monter la tension sexuelle en filmant de simples gestes ou parties érotiques du corps sur fond d’une enquête tout aussi prenante, la réalisatrice met en image le fantasme de sa protagoniste dès la scène d’ouverture. Brisant immédiatement le mystère du désir, elle décide d’étudier son personnage en profondeur.
Cachée derrière le masque lisse de son maquillage élégant toujours parfait, Noémie Merlant incarne un personnage d’une tristesse neutre dénuée d’émotion. Prisonnière de son travail qui lui accorde le statut social qu’elle idéalise, le personnage éponyme agit entre recherche personnelle et quête de son propre désir mais semble surtout s’ennuyer. Difficile alors de ne pas tendre la comparaison avec la réalisatrice phare de cette thématique, Sofia Coppola, qui parvient quasiment à chaque film à saisir l’ennui d’une jeune bourgeoise pour en faire une histoire captivante. Audrey Diwan ne réussit pas à saisir cette équilibre complexe et livre un film lent et froid, en changeant le ton sans pour autant livrer un bon film de cette saga Emmanuelle.
Benoît Meudec