sorti le 30/10/2024
Prix du Jury, du Public et de la Meilleure musique originale au Festival du film d’animation d’Annecy en juin 2024, le second long métrage de Gints Zlbalodis avait de quoi mûrir nos attentes. Un chat se réveille dans un univers envahi par l’eau où toute vie humaine semble avoir disparu. Il trouve refuge sur un bateau avec un groupe d’autres animaux. Mais s’entendre avec eux s’avère un défi encore plus grand que de surmonter sa peur de l’eau ! Tous devront désormais apprendre à surmonter leurs différences et à s’adapter au nouveau monde qui s’impose à eux.
Organique dans sa forme, la mise en scène est marquée par un effet constant de caméra portée couplé avec des plans qui durent sans couper. Cette caméra virtuelle aux nombreux mouvements amples faussement réalistes ancre visuellement l’histoire dans une forme de réalité tout en permettant de suivre en direct toutes les émotions et cheminements de pensée de ses personnages muets. Dans ce monde fantasque, le réalisateur prend soin de travailler au maximum une sensation de réel passant notamment par le choix radical de ne recourir à aucun dialogue. Privés des voix d’acteurs si communes dans les univers animés sans humain, les animaux existent grâce au travail minutieux de bruitage et de sound design aussi maîtrisé que l’animation.
Si l’eau est fluide et photo-réaliste dans sa texture et ses déplacements, les animaux sont, au contraire, marqués par un trait crayonné. Pour contrebalancer ce choix purement esthétique, le réalisateur les rattache au réel en respectant rigoureusement les mouvements et les comportements de chaque espèce. Ainsi, chaque animal évolue de manière naturelle dans ses choix, par un équilibre subtil entre ses instincts et la fraternité qui se construit pour survivre dans cet univers en pleine évolution. Opposée à la montée horizontale des eaux, la verticalité des arbres, sculptures, bâtiments et rochers confère un charme unique à ce monde semi-aquatique tout droit sorti d’un rêve.
Accompagné à la composition par Rihards Zalupe, le réalisateur soutient son univers naturaliste et poétique par une bande originale planante et immersive. Très douce dans ses sonorités orchestrales et notamment dans ses percussions claires, la musique met l’emphase sur les émotions internes des personnages pour retranscrire les tensions et les résolutions. Sans atteindre la richesse thématique d’un Ghibli, le film parvient magistralement à tenir son défi de film muet, par sa maîtrise remarquable du rythme et de la narration visuelle et sonore, rendant captivant le voyage de Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau.
Gwendal Ollivier