sorti le 13/11/2024
Après la saga Alien, Ridley Scott retourne à nouveau en terrain connu avec la suite d’un de ses films culte. À l’opposé total de la démarche de Prometheus et d’Alien Covenant qui trahissaient allègrement l’ensemble de la saga Alien pour en dessiner des origines christiques hors de propos, cette suite s’inscrit dans les pas du premier sans prise de risque mais plutôt dans une volonté de faire plus en plus gros. Seize ans après le dernier combat de Maximus Decimus Meridius, le jeune Hanno perd sa femme lors d’une attaque de l'armée romaine dirigée par le général Marcus Acacius contre Numidie. Réduit en esclavage, il devient gladiateur et est soutenu par Macrinus, un homme de pouvoir qui complote pour intégrer l'élite de la société romaine gangrénée par ses deux empereurs tyranniques.
Du haut de ses 86 ans, Ridley Scott prouve une fois de plus qu’il est loin de dire au revoir à la réalisation. Remarquablement rythmé, le métrage passe à une vitesse folle entre scènes d’action et intérêts politiques personnels. Si quelques effets spéciaux comme l’arrivée des bateaux en introduction ou le physique étrange des singes de la première arène font tache, l’ensemble des décors et reconstitutions de Rome sont tout simplement bluffants. Comme il le revendique depuis plusieurs films, Scott affirme une nouvelle fois une approche infidèle de l’Histoire au profit de scènes toujours plus grandioses. Confondant Poséidon et Neptune et insérant des armes anachroniques, sans parler de l’utilisation des animaux, le réalisateur semble prendre un malin plaisir à contrarier tous ceux qui recherchent un réalisme historique dans ses films.
Dégageant un charisme évident, Paul Mescal campe très bien cette force brute et agile, toutefois un peu trop bon en stratégie militaire. En effet, alors que les multiples facettes de force et de cohésion de Maximus étaient totalement justifiées par son passif de grand commandant d’armée, difficile de croire en la stature invincible d’Hanno. Face à lui, Pedro Pascal incarne le commandant Acacius avec nuance mêlant honneur guerrier et sensibilité, a contrario des deux empereurs dans un surjeu plaisant. Manipulant tout ce beau monde, Macrinus est brillamment campé par le charismatique Denzel Washington. De retour dans le rôle de Lucilla, fille de Marcus Aurelius et sœur de Commode, Connie Nielsen sert de pont avec le premier film et ajoute un retournement ruiné par les dernières bandes-annonces et le synopsis officiel.
[SPOILERS]
Fils de Lucilla mais surtout fils de Maximus, Hanno est en fait Lucius. Tourné comme le destin d’un enfant contraint de s’enfuir et qui marche dans les pas de son père biologique sans même savoir qui il était, cet aspect du scénario trahit véritablement le premier opus et semble réellement servir de prétexte pour justifier l’existence de cette suite. En plus de bafouer l’honneur de Maximus qui n’aurait jamais eu deux enfants de deux femmes différentes en même temps, cet élément force un retournement de veste bien trop rapide de Lucius entre la première visite de Lucilla dans sa cellule et la seconde. Transformant la motivation de son protagoniste, cet héritage a le mérite de distinguer la seconde moitié du métrage de l’original (bien qu’il réduise également l’impact de la mort de la femme de Lucius).
[Fin des SPOILERS]
Grand absent de cette suite, Hans Zimmer laisse une marque indélébile sur la bande originale. Compositeur attitré de Tony Scott et des derniers films de son frère Ridley Scott, Harry Gregson-Williams livre une musique efficace pour soutenir l’action mais sans fulgurance. S’appuyant sur le travail mémorable de Zimmer, le compositeur britannique incorpore de manière croissante le thème mythique de Maximus à mesure que le film avance. Manquant d’émotion pour atteindre le niveau de son aîné, cette suite s’apprécie pour son action d’envergure, sa plongée rare dans la Rome antique et ses combats de gladiateurs.
Gwendal Ollivier