sorti le 15/01/2025
Après avoir exploré les méandres d’une relation adultère toxique dans son précédent film, le très bon Inexorable, Fabrice Du Welz revient avec un nouveau thriller librement inspiré de l’affaire Marc Dutroux. Belgique, 1995, la disparition inquiétante de deux jeunes filles bouleverse la population et déclenche une frénésie médiatique sans précédent. Paul Chartier (Anthony Bajon), jeune gendarme idéaliste, rejoint une opération secrète dédiée à la surveillance d'un suspect récidiviste. Confronté aux dysfonctionnements du système policier, il se lance seul dans une chasse à l’homme qui le fera sombrer dans l’obsession.
Habitué au cinéma de genre, Du Welz multiplie les effets de style, de l’aspect VHS des génériques d’ouverture, de fermeture et pour certaines transitions, aux arrêts sur image assumés pour retranscrire la détresse du jeune gendarme. De même, l'imprécision des mouvements de caméra dans la scène de visite au garage renforce la submersion de Paul face à sa découverte et face au danger imminent. Cette esthétique premier degré, frôlant parfois le crasseux, donne au métrage une ambiance de thriller rural singulière. Les quelques notes sifflées du thème principal couplées à la forte utilisation d’un synthé aux sonorités lourdes ajoutent des sonorités western pesantes et bienvenues.
Malheureusement, le film souffre d’un gros ventre mou après la première clôture de l’enquête par la police. Principal problème soulevé par le scénario, la division des enquêteurs en trois brigades (deux polices et une gendarmerie) implique une dilatation de la narration, suivant le rythme ralenti de l’enquête. Alors que Paul prolonge l’enquête, son côté colérique le rend de plus en plus antipathique. Perdant en chemin collègues et famille, son obstination le conduit à se perdre lui-même complètement dans le dossier Maldoror.
Gwendal Ollivier