Ingrid et Martha, amies de longue date, ont débuté leur carrière au sein du même magazine. Lorsqu’Ingrid devient romancière à succès et Martha, reporter de guerre, leurs chemins se séparent. Mais des années plus tard, leurs routes se recroisent dans des circonstances troublantes…
sorti le 08/01/2025
Connu à l’international pour sa carrière prolifique et notamment ses nombreux films avec Penélope Cruz, Pedro Almodóvar tourne ici son premier film intégralement en anglais. Habituellement attaché à l’écriture de ses projets, le réalisateur espagnol adapte cette fois-ci un livre de Sigrid Nunez. Ingrid (Julianne Moore) et Martha (Tilda Swinton), amies de longue date, ont débuté leur carrière au sein du même magazine. Alors qu’Ingrid devient romancière à succès et Martha, reporter de guerre, leurs chemins se séparent. Des années plus tard, leurs routes se recroisent lorsque Martha, atteinte d’un cancer incurable, demande à Ingrid de l’accompagner dans un dernier voyage vers la mort.
Thématiquement proche du reste de sa filmographie, ce métrage met une fois de plus en jeu des rapports mère-fille complexes, des amitiés de longue date et des personnages cultivés au style vestimentaire coloré. Toutefois, une froideur tangible se dégage des deux protagonistes qui, malgré le jeu irréprochable des actrices, ne sont pas du tout attachantes. Cordiales dans leurs gestes et dans leurs mots, le lien entre elles semble plus intellectuel qu’affectif. Loin de la puissance émotionnelle de Tout s’est bien passé de François Ozon, Almodóvar traite tout de même la question de l’euthanasie avec un regard critique sur les mœurs états-uniennes.
Par un joli travail des couleurs (très bien mis en avant par l’affiche française et son opposition rouge et jaune), le réalisateur titille l’œil du spectateur et tente de le maintenir éveillé par cette photographie vivifiante. Hélas, l’enchaînement de scènes de dialogue devient rapidement redondant. Ainsi le dernier séjour d’Ingrid dans la maison de campagne n’arrive qu’au bout de trois quarts d’heure alors qu’il représente le cœur du film, tel que la bande-annonce le vendait. Mais avant d’entrer dans ce huis-clos, le film s’attarde sur toujours plus de dialogues et quelques flash-backs appréciables dans un premier temps mais finalement aussi mous que le reste des échanges filmés en champ-contrechamp. Encensé par de nombreux critiques et une partie du public, Pedro Almodóvar en laissera certainement une nouvelle fois plus d’un dans la chambre d’à côté.
Gwendal Ollivier