Héros malgré lui, Mickey Barnes se tue à la tâche… littéralement ! Car c’est ce qu’exige de lui son entreprise : mourir régulièrement pour gagner sa vie.
sorti le 05/03/2025
Après une échappée sur la comédie dramatique sociale et satirique avec Parasite, le réalisateur renoue avec la SF dystopique. Brassant des thématiques familières à sa filmographie (lutte des classes, critique du paraître bourgeois, défense de la cause animale, problème avec la mère), ce nouveau film a des airs de ses précédents mais trace sa propre voie. Endetté et poursuivi, Mickey Barnes parvient à quitter la Terre en s’engageant dans une mission spatiale que personne n’accepte : devenir un remplaçable. Sacrifiant sa vie pour le bien de la science et pour la réussite de la mission, son corps est réimprimé à chaque fois qu’il succombe. Mais alors qu’il est laissé pour mort, il se réveille face à un multiple.
Par une direction d’acteur très coréenne, le casting pousse les compteurs au maximum. Évoquant la froideur de Tilda Swinton dans Snowpiercer et Okja, Toni Collette reprend l’archétype de l’américaine businesswomen et ses mimiques insupportables doublées d’une passion pour les sauces. Du bout de ses doigts aux ongles artificiels, elle dicte les ordres à son mari aussi pathétique que cruel, auquel Mark Ruffalo confère un sourire crispé ridiculement jubilatoire. Mais celui qui tire son épingle du jeu par sa double performance est tout naturellement Robert Pattinson. De sa posture au timbre de sa voix, l’acteur incarne véritablement deux personnages différents qui partagent le même ADN et les mêmes souvenirs mais ne sont fondamentalement pas les mêmes.
[SPOILERS]
Dans ce monde où le clonage existe mais est strictement légiféré, le remplaçable est traité comme un rat de laboratoire par les scientifiques. Aux yeux du PDG, sa vie renouvelable à souhait ne vaut pas mieux que celle des aliens qu’il cherche à éliminer sans prêter attention aux conseils de ses équipes de scientifiques quant à leur forme d’intelligence. À l’image du cochon d’Okja, le réalisateur développe une réelle sympathie pour les aliens de ce nouveau monde de glace, traçant des traits anthropomorphiques enfouis dans leur design de gros cloportes. Sans atteindre le piquant de Parasite ou le grandiose de Snowpiercer, Bong Joon-ho livre une nouvelle pépite bien plus rare que les itérations de Mickey 17.
Gwendal Ollivier