sorti le 12/03/2025
Un mois après la sortie de son précédent long métrage, Presence, Steven Soderbergh est déjà de retour avec un film d’un tout autre genre. Après avoir adopté, avec sa caméra, le point de vue d’un esprit coincé dans une maison, le réalisateur joue avec des angles singuliers pour filmer les expressions insondables de ses personnages. George Woodhouse (Michael Fassbender) et sa femme Kathryn (Cate Blanchett) sont des légendes de l'espionnage. Lorsque Kathryn est soupçonnée de trahison, George est confronté à un dilemme ultime : son mariage ou la loyauté envers son pays.
Proche du personnage impassible du tueur qu’il incarnait dans The Killer, dernier film de David Fincher, Michael Fassbender brille d’élégance dans son incarnation de cet espion indéchiffrable et parvient à nous donner envie de le suivre malgré un masque de froideur inébranlable. Très verbeux, le film distille ce qu’il faut d’humanité à ses six personnages principaux, tous suspectés par le protagoniste. Toutefois, en dehors de l’enjeu personnel pour George de démasquer la taupe tout en essayant de sauver sa femme, l’enjeu global reste flou et ne maintient pas en haleine.
Rythmée d’un tempo soutenu, la bande originale de David Holmes participe à l’édification de l’ambiance de thriller. Lorgnant entre jazz et sonorités industrielles, la musique apporte une touche de sophistication qui se marie avec les décors modernes des bureaux de l’agence d’espionnage. En dépit de quelques longueurs en milieu de film, la construction en miroir (avec une scène autour de la table du couple au début et à la fin) délivre une satisfaction méritée au troisième acte. Loin du haut du panier de la filmographie éclectique de Soderbergh, ce film d’espionnage rend compte de la complexité des relations entre espions, qui doivent se construire et se faire confiance malgré l’excuse parfaite du « Black Bag ».
Gwendal Ollivier