sorti le 12/03/2025
Fille d’Olivier Baroux et filleule de Kad Merad, Enya Baroux fait un pas de côté du chemin tracé par ses aînés pour sa première réalisation, une comédie certes mais traitant d’un sujet d’actualité sérieux. Marie, 80 ans, n’en peut plus de sa maladie. Elle a un plan : partir en Suisse pour mettre fin à ses jours. Mais au moment de l'annoncer à Bruno, son fils irresponsable, et Anna, sa petite-fille en crise d'ado, elle panique et invente un énorme mensonge avec l’appui de son nouvel aide-soignant.
Au cœur d’un nombre croissant de longs métrages ces dernières années, cette thématique de société questionne les cinéastes qui présentent leurs interrogations au public. Souvent traité avec sérieux, poétisme ou dramatisme, il est en revanche plus rare de voir l’euthanasie traitée avec une telle légèreté. Sans tomber dans le grotesque, la réalisatrice se sert des secrets et du manque de communication des personnages comme d’un levier d’humour. Du comique de situation à l’humour noir, l’écriture cherche avant tout à faire rire. Cette attention se ressent particulièrement dans la légèreté de traitement du passage chez les forains qui trouve une résolution symbolique prévisible dans la scène finale.
De même, malgré le jeu amusant de Pierre Lottin, l’écriture et les motivations de l’aide-soignant qu’il incarne sont peu crédibles. Mais la crédibilité est d’autant plus mise à mal par le jeu du père de famille, immature et irresponsable, dans un surjeu souvent malvenu qui contraste avec les deux actrices gagnantes du prix d’interprétation féminine au Festival de film de comédie d’Alpe d’Huez. La jeune Juliette Gasquet insuffle une énergie vivifiante à la fille, Anna, tandis qu’Hélène Vincent apporte une force intérieure et une douceur naturelle à la grand-mère, Marie. Enya Baroux livre donc un premier long métrage qu’on ne retient pas pour sa mise en scène mais plutôt pour son humour et ses actrices. Dans ce road-trip prévisible, nous, les spectateurs, n’avons aucune inquiétude à avoir : en terrain connu, on ira.
Gwendal Ollivier