sorti le 16/04/2025
Entre France et Taïwan, entre cuisine et voyage, entre père et fille, le nouveau film de Régis Wargnier se construit autour d’une enquête peu inspirée pour nous plonger dans une exploration culturelle qui met en appétit. Quelques heures avant l'attribution de sa troisième étoile, le célèbre chef Paskal Jankovski (Clovis Cornillac) disparaît avec son second (Julien de Saint Jean) lors d'une partie de chasse. À 20 ans, sa fille Clara (Julia de Nunez) se retrouve seule aux commandes du restaurant. Deux ans plus tard, elle reçoit une mystérieuse invitation pour Taïwan.
Moteur de l’intrigue et de la quête de la protagoniste, l’enquête est mise à mal par la faiblesse de l’écriture. La direction d’acteur trop théâtrale souligne ainsi la fragilité des dialogues et met en exergue les lacunes dans la construction des personnages. Si Clovis Cornillac et J.C. Lan relèvent le niveau global d’interprétation, Julien de Saint Jean (qui avait pourtant livré une belle performance dans Le Comte de Monte-Cristo) cabotine face à l’actrice principale. Pour un premier rôle dans un long métrage, Julia de Nunez ne fait pas preuve d’une palette de jeu très nuancée et ne parvient pas à rendre son personnage attachant.
À défaut de suivre l’histoire avec exaltation, le spectateur peut au moins profiter de la beauté des plats et des décors, mis en valeur par une photographie maîtrisée. Ainsi, la teinte bleu froid du restaurant de Bretagne contraste avec les environnements de Taipei (rouge, orange, voire néon) qui s’opposent eux-mêmes à la verdoyance de la forêt de Taïwan. Cette ambivalence présente dans les cultures d’extrême orient illustre assez justement celle de la culture culinaire entre quête d’un savoir ancestral et sophistication toujours plus complexe.
Si la composition orchestrale de Romano Musumarra est assurément gracieuse dans son lyrisme, son emploi dans le métrage est purement empathique, telle une couche excessive d’épices sur un plat manquant de saveurs. Cherchant à compenser la faiblesse des personnages, difficile de ne pas voir dans cet artifice une maigre réparation.
Gwendal Ollivier