sorti le 30/04/2025
Vendu comme une production A24, ce 36e film du Marvel Cinematic Universe reconnecte enfin avec ce qui fait le succès de cet univers : les personnages. Tombés dans un piège redoutable tendu par Valentina Allegra de Fontaine, Yelena Belova, Ghost, Taskmaster et John Walker doivent participer à une mission à haut risque, qui les forcera à se confronter aux recoins les plus sombres de leur passé. Rejoint par Bucky Barnes et Red Guardian, ce groupe dysfonctionnel se déchirera-t-il ou trouvera-t-il sa rédemption en s'unissant avant qu'il ne soit trop tard ?
Si au premier regard cette équipe a des allures de Suicide Squad à la Marvel, elle est en fait, comme dans les comics, une équipe entre héros et anti-héros, rassemblant aussi bien d’anciens antagonistes que des parias ou des agents aux méthodes radicales mais tous motivés par l’envie de sauver la veuve et l’orphelin. Cet aspect est d’ailleurs l’un des plus appréciables du film. Depuis des années, les films de super-héros ont pris la fâcheuse habitude d’investir des terrains vides, des aéroports évacués ou des planètes inhabitées pour placer leur action, ce qui retire l’un des attraits du genre et qui faisait pourtant la sève de la noblesse des super-héros des années 2000.
Ainsi, passé leur intérêt personnel et leur propre survie, les personnages se révèlent comme de véritables héros noircis de traumas. À l’image de la part sombre de Sentry qui fait disparaître les gens en ne laissant qu’une traînée de leur ombre, les personnages sont rongés par la solitude et la quête de sens. Après avoir introduit Yelena par ce qui s’apparente visuellement à un suicide (saut d’ailleurs réellement réalisé par l’actrice), un magnifique plan séquence zénithal sur elle en train de se battre annonce déjà la brillante idée visuelle du pouvoir de Sentry. Rappelant les troublantes images de corps désintégrés par une bombe nucléaire, ces ombres laissées sur le sol illustrent parfaitement la puissance de Sentry comparable à « l’explosion d’un million de soleils ».
Défaut et force du film, les personnages sont déjà apparus dans différents projets : Yelena Belova et Red Guardian dans Black Widow, Ghost dans Ant-Man and the Wasp, John Walker dans la série Falcon and the Winter Soldier, Valentina Allegra de Fontaine dans plusieurs séries et dans le dernier Black Panther et Bucky Barnes dans tous les films Captain America et les deux derniers Avengers. Cela oblige à être à jour sur le MCU mais créé enfin du lien entre des projets déconnectés. Mais cela permet surtout d’explorer les personnages qui ont besoin d’être développés comme Yelena ou John pour renforcer l’attachement face à leurs histoires tragiques tout en laissant au seul nouveau personnage le temps de briller par son effacement et sa toute-puissance.
Si d’autres sont moins mis en avant comme Ghost, Alexei alias Red Guardian sert en apparence de simple levier comique mais cache derrière l’humour et son énergie contaminante un grand vide et un besoin d’être entouré et aimé. Ce lien ténu entre les différents membres se construit alors assez naturellement au fil de l’histoire pour aboutir en cette équipe incongrue. Après un twist final qui érige Valentina Allegra de Fontaine au rang d’antagoniste tout à fait détestable, le film justifie finalement le * du titre et prépare enfin véritablement l’avenir du MCU et celui des Thunderbolts.
Gwendal Ollivier