En 2075, une petite fille de 10 ans, Iris, voit un mystérieux garçon vêtu d'une combinaison arc-en-ciel tomber du ciel. C'est Arco. Il vient d'un futur lointain et idyllique où voyager dans le temps est possible. Iris le recueille et va l'aider par tous les moyens à rentrer chez lui.
sorti le 22/10/2025
Après être passé en séance spéciale à Cannes, ce film d’animation français d’Ugo Bienvenu emporte le Cristal du long métrage, grand prix du festival d’animation d’Annecy. Aussi sublime dans son scénario parfaitement ficelé que dans son animation colorée, le film déploie un univers autant destiné aux petits qu’aux grands. En 2075, une jeune fille nommée Iris voit un mystérieux garçon vêtu d'une combinaison arc-en-ciel tomber du ciel. Ce garçon vient d'un futur lointain et idyllique où voyager dans le temps est possible. Iris le recueille et va l'aider par tous les moyens à rentrer chez lui.
Avec son animation 2D évoquant le travail d’Hayao Miyazaki sans jamais le singer, le réalisateur dessine un univers sur deux temporalités définies entre autres par l’usage plus poussé de la technologie pour 2075 et un retour à la nature mêlé à une architecture de préservation de la planète atypique pour le futur d’où vient le personnage éponyme. Bien moins noir qu’un Mars Express, le film aborde l’avenir avec lucidité quant à la catastrophe écologique en cours mais conserve une vision optimiste de l’humanité. Initiée pendant la pandémie, l’écriture dépeint pourtant déjà le remplacement de l’homme dans la plupart de ses fonctions par l’IA, qui prend la forme d’androïdes policiers, professeurs et surtout remplaçants de la figure parentale.
Doublé par les voix superposées des deux parents d’Iris incarnés par Alma Jodorowsky et Swann Arlaud, Mikki révèle progressivement une sensibilité profonde qui dépasse sa programmation protectrice. Alors que le réalisateur distille l’aliénation engendrée par le travail contre la relation du parent à son enfant, sa note finale brise le cœur par la beauté de la quête inlassable des parents. Apportant de la nuance à chacun de ses personnages, le trio d’antagonistes maladroits campés par Vincent Macaigne, Louis Garrel et William Lebghil, dépasse l’archétype de leur personnage grâce à une écriture poétique qui les unit.
Au cœur du récit, le duo d’enfants construit une relation économe en mots mais rendue palpable par un léger rougissement de joues, par un émerveillement mutuel envers l’autre et par une proximité thématique dans leur rapport ambivalent aux parents trop ou pas assez présents. Si Oscar Tresanini livre une belle performance, c’est surtout la voix de Margot Ringard Oldra à travers le personnage d’Iris qui immerge le spectateur dans le récit, son quotidien n’étant pas si éloigné du nôtre, ses problèmes partagés par d’autres enfants et son envie d’aider devenant rapidement contagieuse.
Au-delà de l’entêtant thème principal qui évoque immédiatement du Joe Hisaishi, le compositeur Arnaud Toulon livre une bande originale qui nourrit la poésie de l’image en enveloppant l’univers sonore d’émotions, de tensions et d’envolées. Malgré une richesse thématique évidente, Ugo Bienvenu rend son film limpide et accessible dès le plus jeune âge, sublimant la complexité par des représentations symboliques, à l’image d’une maison sous bulle ou perchée dans un édifice en forme d’arbre, ou de celle du voyageur temporel figuré par l’arc-en-ciel et ses dégradés flamboyants qui habille Arco.
Gwendal Ollivier