L’homme qui rétrécit, nouvelle adaptation du roman culte de Richard Matheson, nous entraine dans le sillage de Paul, un homme ordinaire, qui partage sa vie entre son entreprise de construction navale, sa femme Elise, et leur fille Mia. Lors d’une sortie en mer, Paul se retrouve confronté à un étrange phénomène météorologique inexpliqué. Dès lors, Paul rétrécit inexorablement, sans que la science ne puisse lui expliquer pourquoi ni lui être d’aucun secours. Quand, par accident, il se retrouve prisonnier dans sa propre cave, et alors qu’il ne mesure plus que quelques centimètres, il va devoir se battre pour survivre dans cet environnement banal devenu périlleux.
sorti le 22/10/2025
Sorti en 1956, le roman de Richard Matheson The Shrinking Man, est adapté au cinéma dès l’année suivante. Le réalisateur français Jan Kounen propose aujourd’hui une nouvelle adaptation très réussie de cette histoire fantastique. Paul (Jean Dujardin) partage sa vie entre son entreprise de construction navale, sa femme Elise, et leur fille Mia. Sans que la science ne puisse lui expliquer pourquoi, Paul se met soudain à rétrécir un peu plus chaque jour. Alors qu'il ne mesure plus que quelques centimètres, il se retrouve prisonnier par accident dans sa propre cave et va devoir se battre pour survivre.
Après une introduction pas toujours juste en termes de jeu, le réalisateur choisit de ne pas développer la question du regard de la société sur l’état du personnage (présente dans le livre et la première adaptation) et préfère se concentrer sur la survie dans un monde à taille réduite. Installant visuellement l’idée de personnages insignifiants avant que les évènements fantastiques ne surviennent, le réalisateur ouvre son film sur un plan de la Terre dont le bleu du ciel finit par se confondre avec la mer. De même, lors de l’illustration de la routine de Paul, il multiplie les plans zénithaux, portant un regard divin sur son protagoniste déjà tout petit dans le cadre. Mais la mise en scène dévoile son plein potentiel après une ellipse retranscrite par un long panoramique vertical tournant dans le salon qui commence et s’achève sur Paul pour créer la surprise de sa perte de taille.
Au sein de ce monde réduit, tout devient terriblement grand pour le personnage, les distances, les objets mais aussi les animaux et autres humains, filmés en contre-plongée pour accentuer leur démesure. En dehors de quelques fonds verts, les décors gigantesques à l’échelle du petit Paul sont construits en dur, permettant à Dujardin d’interagir directement avec une allumette de la taille d’un javelot par exemple. À partir du tournant narratif où Paul se retrouve enfermé dans le sous-sol, le film devient quasiment muet. Hélas, comme si le réalisateur avait peur que le spectateur décroche ou ne comprenne pas les subtilités du jeu de son acteur principal pourtant reconnu pour son talent, Kounen décide de plaquer ses pensées en voix-off afin de ponctuer le récit de phrases philosophiques assez banales sur l’existence et la vie.
En dehors de cette voix-off clairement de trop, tous les choix esthétiques justifient pleinement cette nouvelle adaptation et ce parti pris narratif. Le travail incroyable des décors immerge ainsi complètement le spectateur aux côtés de Paul, l’histoire ne quittant jamais son point de vue, ce qui augmente le désespoir de ses appels à l’aide. Car en plus des visuels remarquables, le son bénéficie lui aussi d’un soin particulier très réaliste dans son traitement. À mesure que Paul rapetisse, sa voix perd en puissance et celles de sa femme et de sa fille deviennent assourdissantes pour ses petits tympans. Accroché au point de vue de son protagoniste, le moindre bruit de pas d’un humain devient rapidement une agression sonore insoutenable.
Avec sa forme de survival en huis-clos, le film pioche des codes horrifiques notamment le jump scare lors de la première apparition furtive de l’araignée dans le flou du premier plan. Sans aller dans la démesure de l’excellent Vermines de Sébastien Vanicek, l’araignée épargnée par le personnage en début de film devient une antagoniste de taille, animée par des effets spéciaux invisibles et parfaitement mise en scène pour créer la tension qui donnerait des sueurs froides à tout arachnophobe. Un film ambitieux qui dénote dans le paysage cinématographique français, nourri d’une forme maîtrisée avec brio pour porter à l’écran l’histoire de l’homme qui rétrécit.
Gwendal Ollivier