sorti le 19/11/2025
Attendu au tournant après le succès de La Nuit du 12, Dominik Moll a reçu un accueil dithyrambique en mai dernier sur la Croisette pour son nouveau film centré sur la police des polices. Décembre 2018, lors des manifestations liées au mouvement des Gilets jaunes, un jeune homme est blessé par un tir de Flash-Ball. Stéphanie (Léa Drucker), enquêtrice à l'Inspection générale de la Police nationale (IGPN), est chargée d'en déterminer les responsabilités.
S’attaquant à un sujet épineux, Dominik Moll pose un constat acerbe sur la profession des forces de l’ordre mais conserve un discours nuancé, jamais frontalement à charge contre la police. Au centre du débat, l’image de la police est montrée dans ses contradictions, entre ceux prêts à soutenir leurs collègues fautifs contre l’opinion générale et en dépit de la loi, et ceux qui, comme Stéphanie, tentent de la redorer en étant tout aussi rigoureux dans les enquêtes qui concernent les collègues que celles des STUPS.
Si les premiers entretiens avec la famille de la victime sont aussi mal écrits que mal interprétés, le jeu très crédible de Léa Drucker contraste et vient saisir le spectateur. Investie dans cette enquête avec une attention toute particulière, Stéphanie creuse les petits secrets de la police, bien gardés par un système dysfonctionnel qui semble tourner au ralenti quand il n’est pas simplement vain. Le lien de transmission entre les parents de Stéphanie et celui qu’elle entretient envers son fils sont transcrits par de simples échanges de regards qui, sans l’usage de mots, font comprendre les limites d’un métier aussi complexe.
Au service de la crédibilité du scénario, la mise en scène de Dominik Moll utilise régulièrement des images d’archives, change parfois de format de cadre pour adopter celui vertical d’un écran de téléphone et approche sa caméra des écrans d’ordinateur pour adopter le point de vue des enquêteurs. Malgré un constat froidement réaliste à l’image de la photographie bleutée, le réalisateur fait le choix étrange de conclure son film sur une note plus légère, en dépit de l’issue glaçante du Dossier 137.
Gwendal Ollivier