Henri, l’éducateur qu’on leur a assigné, devient alors leur nouveau mentor en les initiant secrètement… à l’art du whisky ! De distilleries en séances de dégustation huppées, Robbie se découvre un réel talent de dégustateur, bientôt capable d’identifier les cuvées les plus exceptionnelles, les plus chères.
Avec ses trois compères, Robbie va-t-il se contenter de transformer ce don en arnaque - une étape de plus dans sa vie de petits délits et de violence ? Ou en avenir nouveau, plein de promesses ? Seuls les anges le savent…
sorti le 27/06/2012
Au premier abord, le synopsis peut paraître assez fade : encore un film sur la jeunesse délinquante, la violence, les arnaques. Or, le long-métrage nous entraîne finalement bien plus loin que ce résumé très réducteur. Pour commencer, il nous conduit en Ecosse, puisque « La part des anges » faisait partie de la programmation du festival Travelling, qui nous emmenait cette année « de Glasgow à Edimbourg ». On découvre donc de plans en plans, les banlieues de Glasgow et ce « gros bâtiment en pierre situé en haut d’une colline » de la capitale écossaise (le château d’Edimbourg).
Ensuite, au-delà d’une histoire bien menée, on est vite séduit par les personnages et particulièrement par le jeune Paul Brannigan (Robbie), très convaincant dans son rôle de jeune père à la conquête d’une nouvelle chance, et par Gary Maitland (Albert) qui apporte dès la première scène une bonne dose d’humour avec son personnage d’ahuri.
Le scénario est d’une grande justesse : on assiste à une scène de violence avant de toucher du doigt une séquence « émotion », puis on passe d’un échange hilarant à une scène pleine de tension. Tous ces ingrédients sont mélangés avec soin pour que le rendu reste authentique et crédible. « La part des anges », qui doit son nom à l’expression désignant le volume d'alcool qui s'évapore durant le vieillissement en fût, porte bien son titre puisque le réalisateur profite de ces 101 minutes d'images pour nous faire découvrir le domaine méconnu du whisky : entre « les Gardiens du Quaich » et le « Malt Mill », on plonge dans un univers de dégustation et d’aisance, qui contraste avec le milieu cerné de violence des jeunes délinquants. Contraste qui joue d’ailleurs beaucoup sur l’évolution du scénario, puisque tout au long du film, on voit les personnages passer de « voyous sans avenir » à « expert en whisky en devenir » : la scène durant laquelle Robbie tente d’enseigner à ses nouveaux camarades l’art de la dégustation, pendant que son colocataire avale grossièrement un bol entier de Scotch, offre un bel aperçu de l’écart entre les deux mondes que l’on côtoie dans le film.
Enfin, cette fameuse « part des anges » connaît deux niveaux de lecture : en plus d’être une référence au monde de l’alcool de luxe, elle suggère l’intervention d’un tiers dans l’amélioration de la qualité d’une vie. C’est le rôle que va jouer le personnage d’Harry - interprété par le talentueux John Henshaw - en offrant aux garnements une deuxième chance et en croyant en leur potentiel.
Bref, un beau film, drôle et touchant, qui donne envie de croire que tout est possible… et de boire un bon verre de whisky ! Pas étonnant en tout cas que « La part des anges » soit resté 18 semaines à l’affiche rennaise en 2012… un record !
Coraline Lafon