L'Illusionniste


L'Illusionniste
Réalisateur :
Sylvain Chomet
Pays d'origine :
GB,FR
Titre original :
Durée :
1h20
Année :
2010
Date de sortie nationale :
Genre :
AN,DR
Casting :
Synopsis :
À la fin des années 50, une révolution agite l’univers du music-hall : le succès phénoménal du rock, dont les jeunes vedettes attirent les foules, tandis que les numéros traditionnels – acrobates, jongleurs, ventriloques – sont jugés démodés. Notre héros, l’illusionniste, ne peut que constater qu’il appartient désormais à une catégorie d’artistes en voie de disparition. Les propositions de contrats se faisant de plus en plus rares, il est contraint de quitter les grandes salles parisiennes et part avec ses colombes et son lapin tenter sa chance à Londres. Mais la situation est la même au Royaume-Uni : il se résigne alors à se produire dans des petits théâtres, des garden-parties, des cafés, puis dans le pub d’un village de la côte ouest de l’Écosse, où il rencontre Alice, une jeune fille innocente qui va changer sa vie à jamais.
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par Karine Baudot

En 2003, Sylvain Chomet connaît un succès international avec Les triplettes de Belleville, son premier long-métrage d'animation. Il lui faudra sept ans pour livrer L'illusionniste son nouveau bijou tiré du scénario du géant Jacques Tati. C'est la fille du réalisateur de Mon oncle et Les vacances de monsieur Hulot qui lui a proposé de réaliser le projet inachevé de son père. Et Sylvain Chomet réussi parfaitement à rendre à l'écran l'héritage Tati. Entre tendresse et poésie.

À la fin des années 50, une révolution agite l'univers du music-hall : le succès phénoménal du rock, dont les jeunes vedettes attirent les foules, tandis que les numéros traditionnels - acrobates, jongleurs, ventriloques - sont jugés démodés. Notre héros, l'illusionniste, ne peut que constater qu'il appartient désormais à une catégorie d'artistes en voie de disparition. Les propositions de contrats se faisant de plus en plus rares, il est contraint de quitter les grandes salles parisiennes et part avec ses colombes et son lapin tenter sa chance à Londres. Mais la situation est la même au Royaume-Uni : il se résigne alors à se produire dans des petits théâtres, des garden-parties, des cafés, puis dans le pub d'un village de la côte ouest de l'Écosse, où il rencontre Alice, une jeune fille innocente qui va changer sa vie à jamais.

Alors que la mode est à l'animation en 3D, continuant sur le format éprouvé avec les Triplettes de Belleville, Sylvain Chomet a choisit la 2D pour L'illusionniste, une voie plus classique qu'il revendique comme un choix artistique. A l'instar de Miyasaki (Le voyage de Chihiro), le maître du dessin animé japonais (dont il pourrait bien devenir le pendant français), il préfère projeter ses rêves sur du papier d'une plume ciselée. Bien lui en a pris car son bébé à la patine traditionnelle épouse à merveille l'univers de Jacques Tati, son maître à qui il rend hommage. Un long travail au détail prêt effectué sur la couleur (teintes chaleureuses), le son (d'autant plus important que les dialogues sont réduits au stricte minimum), les décors mais également le choix des plans parfois en forme de clins d'oil pour un résultat fluide, à la simplicité poétique qui touche juste.

On retrouve également Jacques Tati dans le personnage de l'illusionniste (rôle qui lui sied à merveille), un magicien qui voit le monde dans lequel il a grandit et vieillit changer totalement de mours et de goûts, seul le sourire innocent d'une jeune fille peut lui redonner un peu de bonheur, une illusion comme une autre. Sylvain Chomet déploie son scénario entre burlesque, tendresse (voire d'amour), sensibilité, à petit pas, sans faire de vague. On en rit pas à gorge déployée dans L'illusionniste tant le film prend son temps (d'avoir du talent) et use de délicatesse pour déployer un charme désuet mais pas suranné, une petite sonate à écouter par une chaude nuit d'été, pas forcément réservée aux plus jeunes (pas de gros gags et une trame un peu trop mélancolique) mais qui saura séduire tout de même un large public en mal d'imagination et de lyrisme jusqu'à se remplir d'une infinie nostalgie. Sylvain Chomet dépeint le récit d'un illusionniste élégant, qui pénètre le cour et la mémoire des spectateurs comme un vieil oncle modeste et pudique qu'on aurait envie d'appeler Tati.

Karine Baudot