par Coraline Lafon
Très largement inspiré du best seller de David Mitchell sorti en 2004, « Cloud Atlas » est un film à voir, ne serait-ce que pour les nombreux questionnements qu’il attise. Tout le scénario repose sur le conflit entre deux morales : celle qui fait l’avènement du système capitaliste et de l’exploitation des hommes - « les faibles sont pitances et les forts se remplissent la panse » - et celle qui invite l’humanité à unir ses forces pour renverser enfin cet « ordre établi » - « dès les entrailles jusqu’à la tombe, nous sommes liés aux autres. Dans le passé et le présent. Et chaque crime, chaque acte de bonté, construit notre futur. » Finalement, les réalisateurs Andy & Lana Wachowski et Tom Tykwer, dressent un tableau assez pessimiste de l’histoire du monde et soulignent surtout notre triste capacité à refaire éternellement les mêmes erreurs. Plein de problématiques intéressantes abordées qui ouvrent clairement la réflexion sur les autres, soi-même, le monde qui nous entoure, la vie en général.
Les choix de réalisation et de montage accentuent ces réflexions en jouant sur l’intemporalité : le film est un enchaînement rapide et dynamique de courtes scènes, on passe sans arrêt d’un personnage à l’autre, d’une époque à l’autre, mais finalement tout fini par se rejoindre. On pourrait penser que « Cloud Atlas » est indigeste. Mais non : on ne voit pas les presque trois heures passer car beaucoup des scènes sont très fortes émotionnellement et nous tiennent en haleine : l’attaque cannibale de Kona, la découverte de la vérité de Sonmi-451, l’évasion de Timothy Cavendish etc. Les changements de décors, les différentes ambiances, les personnages attachants : même si on peut éventuellement finir par s’y perdre, on ne s’ennuie pas.
Le casting est également alléchant : Tom Hanks, Halle Berry, Hugh Grant, Jim Broadbent, Hugo Weaving, Jim Sturgess, Ben Whishaw et j’en passe. Des acteurs plus que performants puisqu’on les retrouve dans de multiples scènes, sous des costumes si différents à chaque fois qu’ils en deviennent parfois méconnaissables ! Vous pouvez, après avoir vu le film, aller voir le graphique explicatif qui représente toutes ces transformations. Vous verrez, c’est vraiment très impressionnant !
Bref, un film qui ne peut pas laisser indifférent et qui nous rappelle que toutes les limites sont faites pour être dépassées. Un film qui nous rappelle aussi qu’un océan c’est finalement une multitude de gouttes… à méditer.
Coraline Lafon