Une place sur la terre


Une place sur la terre
Réalisateur :
Fabienne Godet
Pays d'origine :
FR
Titre original :
Durée :
1h40
Année :
2013
Date de sortie nationale :
Genre :
CD
Casting :
Benoît Poelvoorde, Ariane Labed, Max Baissette de Malglaive…
Synopsis :
Antoine, photographe joyeusement désabusé, a pour seul ami Matéo, le jeune fils de sa voisine souvent absente, auquel il donne une éducation fantaisiste. Un matin, des notes de piano venues de l'immeuble d'en face captent son attention. Antoine ne sait pas encore que celle qui les joue, Elena, étudiante idéaliste et sans concession, va bouleverser sa vie et lui permettre enfin de trouver une place sur la Terre…
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par Coraline Lafon

Beaucoup de « clics » et une belle claque. Fabienne Godet signe ici son 7e long-métrage en tant que réalisatrice et c’est une réussite. « Une place sur la terre » est un film réaliste, poétique, poignant et riche d’un casting finement choisi.

"Mon rêve serait de faire un film quasi muet qui ne passe que par les visages, les regards, les gestes" raconte Fabienne Godet dans une interview. Rêve touché du doigt dans « Une place sur la Terre » puisque les dialogues sont rares et les plans serrés nombreux. Les silences, les soupirs, les regards contribuent amplement au réalisme des scènes et rendent chaque discours plus intense, plus impactant : les protagonistes ne parlent pas pour ne rien dire et chacune des répliques apportent quelque chose à l’histoire. Le réalisme est accentué également par l’intervention de Michael Ackerman, photographe professionnel américain, qui a doublé Benoît Poelvoorde sur le tournage. La gestuelle propre au monde de la photographie est donc authentique et cela rend le professionnalisme d’Antoine tout à fait crédible.

Un film réaliste donc, mais également très poétique. La réalisatrice avoue être « constamment inspirée d'oeuvres musicales ou picturales lors de la production de ses films. » Et ça se ressent : le regard particulier du photographe et son amour du détail, de l’instant prit sur le vif, alimente les plans visuellement très esthétiques pendant que le piano d’Elena apporte une réelle atmosphère musicale. D’ailleurs, dans le film, chaque personnage a son propre univers musical, ce qui est une autre manière de les faire communiquer entre eux, en exprimant sans jamais vraiment « montrer ».

Les relations entre les différents protagonistes est touchante mais sans jamais dériver en clichés : à aucun moment les rapports entre Elena et Antoine ne se rapprochent d’un romantisme ostentatoire. Non. Il s’agit toujours d’une sorte de fébrilité qui jamais ni ne se concrétise ni ne s’échappe vraiment. Le jeu d’actrice d’Ariane Labed, qui arrive à être à la fois dure et d’une fragilité sans nom, apporte beaucoup à la douceur du film. La relation d’Antoine avec Matéo est elle aussi intéressante : elle nous permet de comprendre à la fois le côté désabusé de l'homme mais également sa part espiègle et très humaine. Les passages où Antoine détourne à sa façon les différents contes célèbres sont drôles et permettent, avec beaucoup de tendresse et d’humour, de mettre le doigt sur les failles du personnage.

Enfin, le film doit son succès au choix des acteurs : on a l’impression que le rôle d’Antoine est taillé sur mesure pour Benoît Poelvoorde, de même pour Elena, brillamment interprété par la débutante mais néanmoins magnifique Ariane Labed. Les deux talents se complètent parfaitement et donnent une autre dimension à un scénario déjà bien en place. Le seul bémol de ce long-métrage serait peut être des longueurs sur la fin, les 15 dernières minutes étant sans doute de trop.

Coraline Lafon