Louise rencontre Nathan, ses rêves ressurgissent. C’est aussi l’histoire de son frère malade et de leur mère, d’un destin: celui d’une grande famille de la bourgeoisie industrielle italienne. L’histoire d’une famille qui se désagrège, d’un monde qui se termine et d’un amour qui commence.
par Coraline Lafon
Beaucoup de raccourcis dans le scénario, beaucoup de scènes manquantes ou peut être quelques scènes en trop, des personnages parfois attachants, parfois très irritants, des passages tantôt gênants tantôt amusants, bref… En sortant de cette séance, on peut avoir le sentiment d’être passé à côté de quelque chose tant l’émotion est mitigée. Mais, même si la première impression peut être décevante, après réflexion « Un château en Italie » est bien plus subtil et complexe qu’il n’y paraît.
Aux premiers abords, le long métrage semble nous parachuter sans nous demander notre avis dans l’intimité profonde de Valeria Bruni Tedeschi. Car même si « Un château en Italie » est présenté comme une fiction, la comédie dramatique s’appuie très clairement sur les éléments réels de la vie de la réalisatrice : la maladie de son frère, la vente du domaine familial, sa relation amoureuse avec un jeune acteur français etc. Le fait que ce dernier soit Louis Garrel dans la vie comme à l’écran peut renforcer le sentiment de malaise et d’insertion dans la vie privée. D’autant plus que le jeune homme est meilleur acteur quand il ne joue pas que quand il joue ! Bonjour la confusion.
L’ambiance générale est d’ailleurs relativement malsaine : le rapport entre le personnage de Louise et son frère est parfois dérangeante, la relation entre Nathan, Louise et le père de Nathan est incompréhensible, la volonté de Louise de devenir mère est presque irrationnelle, la mère semble complètement dépassée par les évènements, bref, on a le sentiment d’observer une famille de dégénérés. Heureusement, quelques personnages viennent adoucir un peu ce tourbillon infernal : la relation entre Ludo, le frère malade, et sa femme Jeanne est d’une justesse incroyable. Le personnage de Serge, ancien ami de la famille, est également très touchant de par la violente réalité qu’il renvoie.
Mais, avec le recul, l’intelligence de cette oeuvre réside dans la deuxième lecture du scénario et dans le décryptage des messages cachés. Car finalement, au lieu de se mettre en scène de façon impudique, on comprend que la sœur de Carla Bruni-Sarkozy dresse en fait un tableau extrêmement critique d’elle-même, de sa famille et de son statut. Une autobiographie critique mêlée d’humour noir et d’une douce folie sous jacente, en somme.
Un film qui laisse perplexe, qui ne laisse pas sans émotion, positive ou négative, qui tracasse un peu. Et finalement, n’est-ce pas cela que l’on recherche en allant au cinéma ? Être bousculé dans ses habitudes, ses concepts, ses perceptions ? En tout cas, « Un château en Italie » a reçu 9 nominations au dernier festival de Cannes et n’a laissé personne indifférent. On vous laisse donc vous faire votre propre idée de ce long-métrage en allant le découvrir dans vos salles de cinéma !
Coraline Lafon