Ariane Felder est enceinte ! C'est d'autant plus surprenant que c'est une jeune juge aux moeurs strictes et une célibataire endurcie. Mais ce qui est encore plus surprenant, c'est que d'après les tests de paternité, le père de l'enfant n'est autre que Bob, un criminel poursuivi pour une atroce agression ! Ariane, qui ne se souvient de rien, tente alors de comprendre ce qui a bien pu se passer et ce qui l'attend…
par Coraline Lafon
Très bonne surprise que ce long-métrage écrit et réalisé par Albert Dupontel, présent mardi dernier au Gaumont de Rennes pour la projection en avant première de « 9 mois ferme ». Le film et la présence de Bernie ont rameutés du monde : alors qu’une seule salle devait être occupée pour l’occasion, ce sont finalement deux salles combles qu’ont du gérer l’équipe du cinéma de l’esplanade Charles de Gaulle. Un réel succès, donc. Il faut dire que l’oeuvre est d’une grande qualité : beaucoup d’humour, d’intelligence, de clins d’oeil et toujours la patte particulière du très talentueux Dupontel. Ce dernier qui a d’ailleurs été d’une grande réceptivité lors de l’échange qui a suivi la projection du film : des réponses claires, affirmés, intéressantes, on sent que le réalisateur maîtrise parfaitement son sujet et ça fait très plaisir.
Si on ne doit retenir qu’une chose, c’est que l'on rigole beaucoup. Pourtant, le long métrage porte un regard assez critique (quoi que très réaliste) sur le monde judiciaire, médiatique ou la société en général. Mais comme le résume très bien Albert Dupontel, dans chacun de ses films il tente de faire une « observation de la société avec un nez de clown ». Challenge réussi haut la main. Mais comme il le précise également, le vrai intérêt est avant tout de mettre en scène une histoire d’amour improbable entre un juge et son jugé, de lier entre eux des personnages très humains et très attachants et de les jeter dans l’arène de la société moderne, le tout avec humour et intelligence.
Autre défi que le réalisateur a réussi à relever : celui de tourner dans le Palais de Justice de Paris, un endroit relativement impénétrable qui donne un véritable cachet et une dimension impressionnante à certaines scènes. Le plan séquence d'ouverture est assez époustoufflant. En plus du réalisme des décors, le texte est travaillé et un spectateur étudiant en droit, présent lors du débat, a souligné la parfaite maîtrise du champs lexical judiciaire et de l’humour de ce milieu. La scène de la condamnation de l’enfant, qui a d’ailleurs valu à Sandrine Kiberlain d’obtenir le rôle d’Ariane, est assez représentative de cette habilité.
Il faut préciser qu’Albert Dupontel a écrit ce scénario en s’inspirant du documentaire « 10e chambre - Instants d'audience » réalisé par Raymond Depardon, qui illustre le fonctionnement de la machine judiciaire. D’ailleurs, Michelle Bernard-Requin, qui joue le rôle de la juge qui préside le procès dans « 9 mois ferme », exerce réellement cette fonction dans la vraie vie. Elle est également l’héroïne du documentaire de Depardon ! Encore un point en faveur du réalisme et du souci de cohérence.
Bref, un bijou du 7e Art à ne pas manquer, bien supérieur au décevant « Le Vilain », très bien interprété par des acteurs finement choisis et qui réserve bien des surprises…
Coraline Lafon