Mais c'est peut-être en s'enfonçant plus loin encore dans l'immensité terrifiante de l'espace qu'ils trouveront le moyen de rentrer sur Terre…
sorti le 23/10/2013
Rien de bien original dans l’analyse qui va suivre : devant « Gravity », on se prend une énorme claque visuelle. Alfonso Cuaron nous avait déjà montré l’étendu de son talent et de son penchant pour les plans séquences réussis dans l’excellent long-métrage « Les fils de l’Homme ». « Gravity » débute par une séance de 38 minutes filmée en un seul plan. Autant vous dire que ça démarre très fort : une vue imprenable sur la terre, un sentiment de vertige et d’immensité qui dépasse l’entendement. Un sentiment qui persiste tout au long de la projection puisque les plans, d’un esthétisme à couper le souffle, nous rappellent à chaque fois à quel point les protagonistes sont loin de notre planète, perdus et seuls dans l’immensité de l’espace. N’étant jamais allé au delà de la couche atmosphérique, je serais incapable de vous dire si les scènes sont réalistes. Mais à en croire le témoignage de Thomas Pesquet, un astronaute français, il semblerait que le souci de réalisme tant désiré par le réalisateur et son équipe soit réussi. Il faut dire que la NASA a contribué à ce que le rendu soit crédible en fournissant à l'équipe de « Gravity » de nombreux éléments de documentation, photos et films d'archives entre autres.
La projection en 3D renforce la beauté des images : à plusieurs reprises on a réellement le sentiment de voir arriver droit sur nous des débris de satellites ! On s’y croirait presque et c’est un voyage en pleine immersion que l’on n'oublie pas : on partage l’angoisse de Ryan Stone, on apprécie avec Matt Kowalsky la vue incroyable que nous offre l’espace, on virevolte entre vertige insoutenable et contemplation béate. Le son, lui aussi, donne un coup de pouce non négligeable aux émotions que l’on ressent pendant les 90 minutes de film : sans parler de l’excellente bande son, le jeu des bruits et des silences est impressionnant. Le contraste entre les cris et les sirènes d’alarme à l’intérieur de la capsule du Dr Stone, suivi juste après par le silence glacial de ce même vaisseau, vu de l’extérieur dans son contexte spatial, qui quitte son vaisseau de base… Waw.
La seule chose qui pourrait éventuellement atténuer les moults éloges que mérite ce film, c’est sans doute le registre par moment un peu trop pathos et cliché du personnage principal. C’est comme si la performance cinématographique et le scénario plutôt bien rythmé pour un huis clos dans l’espace ne suffisaient pas et qu’il fallait absolument rajouter une dose de bons sentiments. Mais bon, soit. On pardonne le scénariste Jonás Cuarón, d’autant plus qu’il avait ses raisons : "Pour nous, « Gravity » ne parle pas seulement de la pesanteur qui retient l'être humain, mais surtout de ce qui nous rattache à nos racines ».
Une grosse part de métaphore aussi donc, que l’on vous laisse analyser par vous même en allant dès que vous le pourrez découvrir ce film dans vos salles de cinémas. N’oubliez pas vos lunettes 3D, accrochez vos ceintures et profitez de la vue ;) « Reçu ? »
Coraline Lafon