Mandela : Un long chemin vers la liberté
Son arrestation le sépare de Winnie, l’amour de sa vie qui le soutiendra pendant ses longues années de captivité et deviendra à son tour une des figures actives de l’ANC.
À travers la clandestinité, la lutte armée, la prison, sa vie se confond plus que jamais avec son combat pour la liberté, lui conférant peu à peu une dimension mythique, faisant de lui l’homme clef pour sortir son pays, l’Afrique du Sud, de l’impasse où l’ont enfermé quarante ans d’apartheid. Il sera le premier Président de la République d’Afrique du Sud élu démocratiquement.
par Coraline Lafon
On peut dire que la sortie de ce film était tristement dans le timing : alors que Nelson Mandela s’éteignait le 5 décembre, « Un long chemin vers la liberté » sortait en salle moins de 15 jours plus tard. Un bel hommage à cet illustre personnage qui a sacrifié sa vie pour mener à bien son combat. Même si tout le monde connaît déjà tous les recoins de cette histoire, on reste quand même muet d’admiration et estomaqué en sortant de la salle. Car le réalisateur a su, sans prendre le parti de choquer ou d’en rajouter, montrer la force et la symbolique de cette lutte contre l’injustice et l’inégalité.
Tout d’abord, Justin Chadwick a su recruter les bons acteurs. Certes, Morgan Freeman faisait un bon Mandela dans « Invictus ». Mais Idris Elba, que l’on connaît surtout pour son rôle de dealer dans la série « The Wire », n’a rien à lui envier. Il s’impose dans cette oeuvre par son incroyable charisme, sa carrure majestueuse et un regard à la fois féroce et profond. Il campe parfaitement le personnage en traduisant bien les différentes émotions qui ont pu traverser le visage de l’ancien président au fil des années.
Si Edris Elba mérite moult éloges, c’est sa partenaire à l’écran Naomi Harris qui est le vrai coup de cœur de cette production. Celle qui jouait la sorcière dans « Pirates des Caraïbes » est absolument bluffante dans son rôle de Winnie. D’autant plus que le film met en lumière la place essentielle de la femme de Mandela dans cette bataille contre l’Apartheid et leur relation au cœur des 139 minutes d'images à l'écran. On réalise que sans Winnie, sa fidélité et son courage, Nelson serait sans doute mort en prison. On assiste aussi à la séparation de deux idéaux dans le même combat : pendant que l’une veut se venger « des blancs » et utiliser la haine et la violence pour gagner, l’autre cherche à rétablir l’équilibre de manière pacifique. Et ce regard porté sur la vie de Mandela est vraiment très noble.
En plus d’un choix d’acteurs fort judicieux, le réalisateur a su intégrer une excellente bande son et jouer avec des plans très marquants : par exemple, la mise en parallèle de la cérémonie du village pour « devenir un homme » avec la scène où Nelson Mandela prend une douche en prison est vraiment troublante. Le film est un sans doute peu long, certaines scènes auraient éventuellement pu être coupées au montage sans rien enlever à l’histoire. Mais on ressort quand même bouleversé et conquis. C’est incroyable de se souvenir que cette histoire est écrite dans les livres de lycée et qu’il existe des hommes capables d’aller jusqu’au bout de leurs idéaux. C’est le genre de piqure de rappel qui fait du bien !
Coraline Lafon